TIGRES DE PAPIER, CINQ SIÈCLES DE PEINTURE EN CORÉE

Mercredi 4 novembre 2015 : visite-conférence de l’exposition Tigres de papier, cinq siècles de peinture en Corée au MNAA Guimet par Sylvie Ahmadian, conférencière, attachée au musée Cernuschi et au musée Guimet.

La Corée est l’un des plus méconnus parmi les pays d’Extrême-Orient. Située à l’extrémité orientale de l’Asie, elle est aussi au carrefour de plusieurs civilisations : la Chine, la Mongolie et le Japon.

L’exposition est consacrée essentiellement à la période Chosŏn (1392-1910), précédée par la dynastie Koryŏ (918-1392) durant laquelle l’administration est basée sur le modèle chinois et le bouddhisme demeure la religion d’État. Cependant, dès le début de la dynastie Chosŏn, le bouddhisme est réprimé au profit du néoconfucianisme qui devient la doctrine officielle et la base du système éducatif. L’art coréen, très influencé par la Chine va, durant cette période, commencer à s’émanciper et à créer des œuvres typiquement coréennes.
Toutes les œuvres de l’exposition proviennent des collections du musée Guimet dont le fonds provient pour l’essentiel de la mission que Charles Varat fit en Corée en 1888, d’oeuvres réunies par Victor Collin de Plancy, diplomate présent à la cour de Séoul à la fin du 19e siècle et d’une donation de peintures décoratives réalisée par l’artiste Lee Ufan en 2002. Bien d’autres achats et dons ont permis de faire de la collection coréenne du MNAA-Guimet l’une des plus importante en dehors de Corée.
Un certain nombre de paravents sont ornés de paysages qui, selon la terminologie chinoise en usage en Corée, se disent «Montagne et eau» Sansudo et constituent l’un des genres majeurs de la peinture coréenne. A partir du 18e s, se développe la représentation de sites naturels réels et connus de la Corée, comme l’illustre l’œuvre intitulée « les huit vues de la Corée de l’Ouest ». Un autre paravent à 8 feuilles (18e s.) évoque les célèbres Monts de Diamant, Kumgangsan, ainsi appelés en raison du scintillement des pics rocheux au soleil levant. Situés dans la partie Est de la Corée, région symbolique dans l’imaginaire coréen, ils sont considérés comme sacrés depuis les temps immémoriaux. Ces Monts de Diamant, qui demeurent aujourd’hui encore un lieu de pèlerinage, forment un paysage extrêmement pittoresque dont la beauté a été célébrée par de nombreux peintres et poètes coréens. Le paravent à 8 feuilles (19e s.) intitulé Visite du gouverneur à P’yongyang, offre une vue panoramique de la ville située au bord du fleuve Taedong et figurée, selon une perspective cavalière, dans son site naturel. La cité de P’yongyang, aux allures d’un gros bourg administratif (devenu depuis capitale de la RPDC), est alors protégée par des murailles et accessible par de rares portes fortifiées, caractéristiques du « royaume ermite ». Les monuments principaux, mis en évidence par leur chromatisme, sont recouverts de tuiles alors que les maisons d’habitation sont coiffées de toits de chaume. La peinture est animée de nombreux personnages et d’une procession d’embarcations qui illustrent l’arrivée du gouverneur, accueilli par les notables de la ville sur la rive du fleuve. Ce paravent témoigne de l’intérêt des Coréens pour la cartographie et les plans au 19e s.
Dans la peinture Emissaires étrangers à la porte du palais (18e s.), apparaissent, à la porte du palais de Beijing, de multiples délégations étrangères venues présenter leurs cadeaux diplomatiques à l’empereur (dont des Européens caricaturés apportant des horloges). La position centrale des deux Coréens dans la composition, reconnaissables à leur costume et au haut chapeau (gat) de crin et de soie laqué noir, le format traité en longueur et le support de papier, laissent penser qu’il s’agirait d’une œuvre coréenne plutôt que chinoise comme on l’a longtemps cru.

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Paysages coréens, les huit vues de la Corée de l’Ouest. Époque Chosŏn, 19e s. Paravent à huit panneaux. Couleurs sur papier. ©MNAO Guimet

Emissaires étranger 3

Émissaires étrangers à la porte du palais. Époque Chosŏn, 18e siècle. Couleurs sur papier. ©MNAOGuimet

Si les premières cartes de l’Asie, réalisées en Corée, datent du 15ème s., il faut attendre le 18e s. pour que les premières mappemondes, influencées par la cartographie occidentale, fassent leur apparition. Le paravent à huit panneaux Mappemonde, daté de 1860, reproduit la mappemonde que le frère jésuite Ferdinand Verbiest (1623-1688) a exécutée à Pékin en 1674. En Corée, les archives Kyujanggak conservent la matrice en bois, gravée recto-verso, des panneaux du paravent du musée Guimet qui possède l’exemplaire le mieux conservé de mappemonde montée en paravent.
La section bouddhique présente deux peintures de la dynastie Koryŏ durant laquelle le bouddhisme a bénéficié du statut de religion d’Etat et du patronat de la classe dirigeante. Dans Amitabha debout (13e-14e s.), le Bouddha revêtu de la robe monastique rouge, accueille l’âme des défunts dans sa Terre Pure de l’Ouest, figuré debout sur des deux lotus épanouis qui suggèrent l’étang de lotus. Contrairement à l’iconographie chinoise de la Sukhavati où Amitabha trône au sein d’une assemblée nombreuse, en Corée, il se détache seul sur un fond nu. Le visage très arrondi et la petite bouche surmontée d’une moustache témoignent d’une influence mongole. Dans Avalokitesvara à la lune (13-14ème s.), dont le thème poétique est issu de la tradition chinoise de l’époque Tang, le boddhisattva, représenté en position de délassement royal, se détache sur l’astre lunaire de taille monumentale. Le petit personnage incliné, dans l’angle inférieur gauche de la peinture, associe à cette iconographie celle de la renaissance des âmes des défunts.

Paravent mappemonde3

Paravent à huit panneaux à décor de mappemonde. Époque Chosŏn. 1860. Couleurs sur papier. ©MNAOGuimet

Triade Bouddhique

Triade bouddhique. Époque Chosŏn.
19e s. Couleurs sur soie. ©MNAOGuimet

Sansin

Sansin, le dieu de la montagne. Époque Chosŏn. Fin 18e-début 19e s. Couleurs sur soie. ©MNAOGuimet

Le «Sutra de l’éveil parfait» daté de 1446-47, peint à l’encre d’or sur un papier teinté d’indigo de format rectangulaire, a été commandité pour le repos du fils défunt du célèbre roi Sejong. Le texte s’accompagne d’une image figurant le bouddha en train de révéler le sûtra à une assemblée de bodhisattva. On pense que ce sutra était contenu dans la statue en bois doré du Boddhisattva (15e s.), exposé à l’avant du sûtra, comme le suggère le récit de l’expédition (1892) de Charles Varat.
La Corée a fait preuve d’un syncrétisme entre les différents courants religieux et les croyances populaires. Ainsi, le bouddhisme coréen a accueilli des divinités secondaires tels que Sansin, le dieu de la montagne, originellement issu du chamanisme et qui possède son pavillon dans tous les monastères bouddhiques. Une peinture sur soie (fin 18e s.-début 19e s.) le figure assis sous un pin, accompagné d’un tigre – son fidèle compagnon – et tenant un champignon d’immortalité.
Durant l’époque Chôson, le chamanisme, dont les racines en Corée semblent remonter à l’époque des Trois Royaumes (1er avant J.-C -7e s. après J.-C), demeure profondément ancré dans la société coréenne. Il intègre à son panthéon très éclectique d’esprits, des figures issues des différentes traditions bouddhique, taoïste, lettrée, voire de personnages historiques. Les peintures chamaniques se caractérisent par des couleurs vives et un dessin simplifié afin que l’image soit la plus visuelle et la plus synthétique possible pour être efficace. Au cours des cérémonies (kut), les femmes chamanes (mudang), accompagnées de musiciens, entraient en transe et donc en contact avec le monde surnaturel. Selon les croyances populaires, les maladies sont provoquées par des esprits malfaisants dont le plus redoutable pour les Coréens est celui de la petite vérole, représenté dans une peinture sur papier du 19e s, intitulée Jeune Femme à l’éventail. Sous l’apparence d’une femme de la haute société, accompagnée de ses deux assistants, elle est censée apporter des remèdes à la maladie. En dehors des pratiques populaires à caractère chamanique, la cour privilégiait la médecine de tradition chinoise même si les femmes de la cour ont protégé le chamanisme jusqu’à la fin de l’époque Chôson.
Une peinture sur papier aux couleurs vives figure Sansin, le dieu de la montagne (18-19e s.), accompagné de son tigre et portant un bâton de pèlerin, une gourde et des champignons de longévité, issus de la tradition taoïste. La figure de Sansin renvoie aux traditions coréennes et aux mythes fondateurs puisqu’il serait issu de Tang’un, fondateur mythique qui, à sa mort, se serait transformé en dieu de la montagne. Elle témoigne aussi du syncrétisme propre à la tradition Coréenne.

Confuciusl

Maître Kong et ses deux serviteurs. Époque Chosŏn.
19e s. Couleurs sur papier. ©MNAOGuimet

Paravent au livres

Chaek’kori aux livres Époque Chosŏn.
18e- 19e s. Couleurs sur papier. ©MNAOGuimet

Intérieur féminin

Chaek’kori,
intérieur féminin. Époque Chosŏn.
18e s. Couleurs sur papier.©MNAOGuimet

Cabinet.©Chiara_Kleinjpg

Double cabinet. Époque Chosŏn.
 19e s. Bois laqué et corne peinte. ©Chiara_Klein

Par réaction contre le bouddhisme, vigoureusement condamné au début de la dynastie Chôson, le gouvernement érige le confucianisme au rang de doctrine d’Etat. Durant toute la dynastie, le confucianisme va demeurer l’idéologie officielle et sera à la base du système éducatif, imprégnant toutes les couches de la société coréenne. En instaurant des règles de vie, des devoirs et des droits, le confucianisme aspire à organiser et structurer la société pour que règne, sur terre, l’harmonie entre les hommes. La peinture Maître Kong et ses deux serviteurs (19e s.) rappelle que le sage chinois, portant ici le costume rouge des fonctionnaires coréens, demeure la référence spirituelle et morale du royaume durant la dernière dynastie.
Le confucianisme prône l’étude et la connaissance dans le but de se perfectionner. Cette notion confucéenne est illustrée dans les peintures appelées Chaek’kori en Corée qui mettent en scène, disposés sur ces étagères, des objets de lettrés et des livres, véritables symboles de la connaissance, destinés à éclairer l’esprit humain. Cependant, même si à la fin de l’époque Chôson les motifs perdent leur sens premier au profit d ‘éléments décoratifs, le genre perdure à travers des œuvres de belle qualité comme Chaek’kori à la manière chinoise de Song Sok (début du 19e s.). Ce type de paravent pouvait être destiné à la chambre des enfants comme au cabinet de travail du maître de maison. Dans un style influencé par la perspective occidentale, un paravent aux livres de type illusionniste (18e-19e s.), à six feuilles, représente des étagères parsemées de livres et d’objets de lettré qui donnent l’illusion d’une véritable bibliothèque. Les paravents aux livres se déclinent dans des styles variés, selon les auteurs et les époques, les plus récents reproduisant les motifs de manière plus schématique et systématique. Une paire de rouleaux intitulée Intérieur féminin (18e s.) évoque l’anbang, l’espace réservé aux femmes dans la maison coréenne traditionnelle, par opposition au sarangbang, espace destiné aux hommes. En effet, en Corée, le confucianisme a peu à peu imposer une stricte séparation des hommes et des femmes. Dans ces peintures, à l’atmosphère poétique, règne un charmant désordre (robe négligemment jetée sur une banquette, chaussons, instrument de musique, éventail, pipes, livres, fruits et fleurs) qui égaie la sobriété des intérieurs coréens. Les femmes de la noblesse coréenne vivaient confinées à l’intérieur de leur demeure, les sorties étaient limitées et ne se faisaient qu’en palanquin fermé.
Un Double coffre (19e s.) en laque noire au décor incrusté de nacre représentant fleurs, papillons et oiseaux, appartenait à l’anbang. Les deux coffres mobiles, pourvus de poignées, pouvaient être superposés ou dissociés selon les besoins. Les motifs sont aussi souvent des thèmes auspicieux (grue et tortue pour la longévité, chauve-souris pour le bonheur, la carpe bondissant symbole de bon augure, etc.). Un autre double coffre présente un décor peint au revers de petits carrés de corne de bœuf ensuite collés sur le meuble. Cette technique (Hwagaknong) et ce goût du décor polychrome, aux tons vifs, sont caractéristiques de la fin de l’époque Chôson. En contrepartie, les meubles masculins sont d’une grande sobriété, en accord avec la morale confucéenne qui interdit tout étalage du luxe, ne jouent que sur la pureté des lignes et le contraste des bois bruts.
Les fonctionnaires lettrés, appartenant à la classe des aristocrates (Yangban) pratiquent les arts du pinceau (la peinture, la poésie et la calligraphie) dans l’esprit chinois. Un rouleau vertical intitulé bambous sous la pluie (1622), œuvre sur soie de Yi Chong (1541-1626), poète e calligraphe de sang royal, exprime une parfaite maîtrise de l’encre et du pinceau. Les bambous, symboles par excellence du caractère lettré et appartenant aux quatre nobles plantes selon les confucéens, sont peints dans des graduations d’encre qui suggèrent la profondeur. Le musée Guimet a le privilège de posséder un paravent à huit feuilles Scènes de genre, au fil des saisons, peint sur soie par Kim Hong-do (1745-1814) connu pour avoir popularisé les scènes de genre dites « à la coréenne ». Il s’agit de l’une des plus anciennes œuvres répertoriées de ce célèbre artiste peintre, favori du roi Chongjo (1776-1800). Il donne une vision très vivante de la société Chôson, à travers des scènes qui s’insèrent dans un cadre naturel évoquant le fil des saisons, et des personnages – aristocrates ou petit peuple – portraiturés de manière naturaliste, non sans humour et avec une remarquable acuité. Le paravent à dix panneaux de Yi Han-ch’ol (1808- ?), peintre de cour et membre du Bureau des arts, se déploie sur le thème des «fleurs et oiseaux» peint à l’argent sur un fond de soie bleu indigo. En dépit du thème traditionnel, l’œuvre tente de renouveler la tradition en incorporant certaines influences occidentales dans l’usage du clair-obscur et la recherche du volume.

Scènes de genre

Scène de genre, au fil des saisons, de Kim Hong-do (1745-1814). Époque Chosŏn, vers 1768. Paravent à huit panneaux. Couleurs sur soie. ©MNAOGuimet

Fonctionnaire

Cho Man-yong, daté de 1845 et peint par Yi Han-ch’ol. Époque Chosŏn. Couleurs sur papier. ©MNAOGuimet

Vertus Confucianisme

Munjado,
l es huit vertus
 du confucianisme. Époque Choson, 18e-19e siècle. Paravent à huit panneaux. 
Couleurs sur papier

Ce même artiste était aussi un excellent portraitiste, considéré comme le plus fameux de la fin de la dynastie Chôson. Le portrait occupe une place centrale en Corée où le culte des ancêtres s’avère prédominant. Sur un fond neutre, dans une stricte frontalité, le personnage, généralement vêtu de sa robe de fonctionnaire, est figuré de manière réaliste. Le visage et le costume mettent en relief ses valeurs spirituelles mais également son statut. Ainsi, le remarquable Portrait de Cho Man-yong, de Yi Han-ch’ol, daté de 1845, exprime avec brio la rigueur et la droiture du personnage, figuré au sommet de sa gloire et au soir de sa vie, dans une approche psychologique saisissante de vérité. Comme pour son paravent sur fond de soie bleue, ses recherches du modelé traduisent une influence occidentale.
Les peintures à motifs calligraphiques (munjado) montées en paravents à huit panneaux, synthétisent par le biais d’un caractère chinois, les huit vertus confucéennes. Bien que l’alphabet coréen hangeul, ait été créé par le roi Sejong en 1443, le chinois demeure, durant toute la dynastie Chôson, la langue écrite de l’élite lettrée coréenne. Il faudra attendre le milieu du XXe s. pour que le hangeul devienne la langue officielle.
Ces paravents déclinent, dans des styles variés, les huit caractères qui, rangés selon un ordre strict et permanent, résument la morale confucéenne portée au regard quotidien. Ils expriment, par exemple, la piété filiale, la fraternité, la loyauté ou encore l’intégrité. Si les caractères se stylisent au cours du 19e s, ils restent souvent associés à des motifs naturalistes tels que le poisson pour la piété filiale, en relation avec une légende chinoise.
Le thème «fleurs et oiseaux» a suscité un engouement particulier durant l’époque Chôson mais les artistes coréens y ont aussi introduit des motifs tels que les lapins pillant l’élixir d’immortalité pour renforcer l’aspect magique de la Nature, exprimée dans toute sa diversité. Ces peintures décoratives sont parcourues de nombreux symboles auspicieux (grues, tortues, champignons, pins pour la longévité, pivoines pour la prospérité, phénix pour la renaissance, etc.). Ces images peuvent parfois être reproduites de manière stéréotypée. Les pivoines constituent le thème unique de certains paravents à huit ou dix panneaux utilisés pour les mariages ou à quatre panneaux pour l’intimité de la chambre nuptiale. Le chromatisme, dominé par le rouge, apportait une touche joyeuse, érotique et stimulante. Certaines de ces « peintures populaires » appelées nimhwa, telles que Rochers et papillon (19e s), offrent un décor contrasté, à la fois naturaliste et géométrique.

Tigresse et ses petits

Tigre avec ses trois petits. Époque Chosŏn.
18e-19e s. Couleurs sur papier. ©MNAO Guimet

Paravent pivoines 2

Paravent à 6 panneaux à décor de pivoines. Époque Chosŏn. Début 19e s. Couleurs sur papier. ©MNAO Guimet

Dix symboles de longévité.2

Sipjangsaengdo, les dix symboles de la longévité. Époque Chosŏn. Début 19e s. Paravent à six panneaux. Couleurs sur papier. ©MNAO Guimet

Parmi les thèmes animaliers, la tigre occupe une place de choix dans la peinture coréenne : animal royal, protecteur et symbole du royaume, il est aussi le compagnon de Sansin et de nombreuses entités chamaniques issues du taoïsme. Dans une iconographie propre à la Corée, le tigre est figuré au pied d’un pin sur lequel est perché un oiseau (moineau ou pie), messager des dieux. Le tigre est, en effet, cessé transmettre aux hommes les décisions célestes. Mais dans les traditions populaires, le tigre peut évoquer l’arrogance du Yangban, propriétaire terrien et l’oiseau, le petit peuple peu enclin à se laisser impressionner. Un paravent, à huit panneaux (début 19e s.) sur papier, illustre des Scènes de chasse Suryaopdo qui, au 19ème siècle, s’apparentent à des divertissements traités avec une pointe d’humour. Le monde aquatique est aussi un sujet favori dans lequel les poissons symbolisent l’harmonie et la prospérité. Quant à la carpe, elle évoque une descendance masculine, le courage et la réussite sociale.
La peinture populaire minhwa est illustrée par un paravent à six panneaux sur papier (19e s.), les dix symboles de longévité Sipjangsaengdo, peuplé de symboles terrestres, célestes, animaliers et végétaux. Très coloré, ce type de paravent pouvait être utilisé lors des fêtes de Nouvel An, à l’occasion du soixantième anniversaire ou des noces d’argent.
Un ensemble de feuilles d’albums illustrent des Scènes de la vie coréenne, réalisées sur papier par Kim Chun-gun ( Kisan), véritable encyclopédie imagée de la vie coréenne au 19ème siècle. Le MNAA-Guimet possède le plus riche ensemble d’œuvres de Kisan (170 peintures).
Un grand paravent à huit panneaux sur soie (18e s.) figure la retraite du général Guo Ziyi, général chinois de l’époque Tang qui, à l’occasion de son soixantième anniversaire, organise une réception dans sa splendide demeure. Si le thème est peu traité en Chine, il a connu une plus grande fortune en Corée. La scène, dans une vision panoramique, évoque une Chine idéalisée, mais dont les détails sont empruntés à la vie coréenne : les appartements féminins des panneaux de droite sont séparés de ceux réservés aux hommes dans les panneaux gauche.
Cette exposition, comme de nombreux évènements en France, s’intègre dans le cadre du 130e anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques entre la France et la Corée.

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