La voie du Tao

Mercredi 15 avril 2010

Compte rendu de la visite-conférence de l’exposition au grand Palais « La voie du Tao », par Madame Vinca Baptiste, Conférencière de la Réunion des Musées Nationaux.

C’est la première fois en Europe qu’une exposition est consacrée au taoïsme, ceci grâce au fond du Musée Guimet et à des prêts de musées étrangers.

INTRODUCTION :

Le taoïsme, daojia, « l’enseignement de la Voie », est une appellation donnée au premier siècle de notre ère à une réalité complexe associant un courant religieux et un ensemble de pratiques liées à la quête de longue vie déjà existante dans la Chine ancienne.

Le dao, « voie, chemin, méthode », est une notion très ancienne, non représentable, c’est le concept créateur et fondateur de l’univers. Pour le taoïsme, le monde s’est créé spontanément sans l’intervention d’un démiurge.

Né aux environs du IVe s. avant notre ère avec le Daode jing (Livre de la Voie et de son Pouvoir), le taoïsme est organisé en église au IIe par Zhang Daoling et il n’a cessé d’évoluer et de s’enrichir avec le temps.

 

COSMOGONIES, COSMOLOGIES :

La grande tablette de cérémonie), Yu Mei Gui, (cat.4.1 en jade du XVIIIe s. est un symbole du pouvoir et mais aussi un insigne de rang dans la hiérarchie administrative. Elle figure un résumé de l’univers en partant depuis le bas avec les vagues de la mer, puis une haute montagne (terre) au milieu de nuages (ciel) et tout en haut la représentation d’une constellation de trois étoiles.

La carte du ciel, traité des astres et des météores (cat.4.3), de l’époque Tang (début du VIIIe s.) et provenant de Dunhuang, montre, à gauche, un tourbillon où, associée à la grande Ourse, figure l’Etoile Polaire, point fixe autour duquel gravite le ciel.

Du dao émergent les souffles créateurs dont les deux principaux sont le yin (principe féminin) et le yang (principe masculin), en correspondance avec les cinq éléments qui organisent l’univers, en résonnance avec les cinq Empereurs des cinq directions. Pour les Chinois, les cinq montagnes sacrées correspondent aux cinq points cardinaux : le Taishan à l’Est, le mont Heng au Nord, le Hengshan au Sud, le Huashan à l’Ouest et au centre le Songshan.

Le rouleau vertical des empereurs des cinq directions et le grand et sage empereur du mont Changbo (cat.5) de la dynastie Ming, daté de 1454, montre les empereurs vêtus de couleurs différentes car chaque orient a sa couleur : le rouge pour le Sud, le vert pour l’Est, le jaune pour le Centre, le noir pour le nord et pour l’Ouest, le blanc a été ici remplacé par le bleu.

A ces orients sont aussi associés des animaux : le Dragon vert de l’Est, le Phénix rouge du Sud, le Tigre blanc de l’Ouest et le Guerrier noir (une tortue enlacée par un serpent) pour le Nord. Ces animaux sont souvent représentés sur des embouts de tuiles de l’époque Han (environs de notre ère) : tigre et phénix (cat.6.2) pour leurs qualités protectrices.

L’homme est animé d’un souffle vital qu’il faut éviter de laisser échapper pour parvenir à l’immortalité. Ainsi, on va prémunir les morts contre la perte du souffle en mettant des obturateurs en jade : cinq tampons et deux cigales (cat.8.3) de la Dynastie des Han (200 av. J.C.-200 apr. J.C.), ces dernières étant aussi associées à la renaissance.

Le couple fondateur Fuxi et Nüwa figure sur un estampage du Wuliang ci (cat.10.1) des Han orientaux (151 apr. J.C.). Ces deux divinités à corps humain et queue de serpent, opposées et complémentaires, incarnent le yin et le yang. Fuxi tient le compas symbolisant le ciel (rond) et Nüwa l’équerre symbolisant la terre (carrée).

Sur le rouleau vertical de la Dynastie Song (960-1279), Fuxi assis (cat.9) est représenté en ermite, pieds nus et vêtu d’une pelisse. Fuxi enseigna aux hommes la chasse, la pêche, l’élevage et créa les Huit trigrammes qui figurent devant son pied droit.

Le miroir aux deux phénix et trigrammes en bronze (cat.11.2) de la Dynastie des Tang (618-906) est un résumé en images de la structure de l’univers. Autour du bouton de préhension central, deux phénix se font face, intermédiaires entre le cercle du ciel en haut et le carré de la terre en bas.
Le cercle contient les Huit trigrammes alors que le carré de la terre contient les eaux des quatre mers sur lesquelles reposent les Cinq montagnes évoquant les Cinq pics sacrés.

LAO ZI :

Le personnage pourrait n’avoir jamais existé comme Confucius dont il aurait été le contemporain plus âgé. C’est au IIe s. que le grand historien Sima Qian (145-86) lui consacre une biographie qui met en place les éléments de la légende : sa position d’archiviste des Zhou au Ve s. avant notre ère, la visite que lui rendit Confucius, son dégoût de la vie de cour et son voyage vers l’ouest à dos de buffle, sa rencontre avec Yin Xi, le gardien de la passe, qui lui demanda de fixer par écrit sa doctrine. Le sage lui dicta alors les cinq mille caractères du Daode jing. Lao zi est toujours représenté comme un vieillard (sa gestation aurait duré quatre-vingt ans).

Le rouleau vertical Lao zi sur le buffle (cat.14.1) de Zhang Lu (1490-1563) le représente comme le type même du sage idéalisé. Il tient dans sa main droite le Daode jing et l’artiste a peint dans le coin supérieur gauche une chauve-souris, fu, qui par homophonie symbolise le bonheur. Cette peinture n’a pas seulement un usage religieux mais aussi un rôle propitiatoire.

L’estampage Kong zi (Confucius) et Nangong viennent à Zhou s’informer des rites auprès de Lao zi, de la dynastie Ming (XVe s.) illustre la fameuse rencontre où on voit Lao zi assis, jouant de la cithare tandis que Confucius et son disciple, assis, attendent respectueusement. Alors que Confucius pense que le gouvernement idéal peut sauver le monde, Lao zi prône l’individualisme.

En 166 de notre ère, l’empereur Huan divinisa Lao zi qui devint Laojun. Au VIe siècle, la multiplication des images bouddhiques encouragea la représentation de Laojun ce qui jusqu’alors était contraire au canon du dao.

Une stèle en grès d’une triade bouddho-taoïste (cat.19.1) de la dynastie des Wei du Nord, datée de 532, figure le sage tenant un éventail dans sa main droite, la tête ornée d’un chignon rappelant l’ushnisha bouddhique. Deux dragons enlacés forment une mandorle et deux assistants se tiennent de part et d’autre du personnage central.

La représentation de Laojun va évoluer et se fixera définitivement sous les Tang. La statue de la fin du VIIe s. (cat.20.3), en calcaire brun-noir, montre Laojun assis, tenant un éventail dans la main droite tandis que la gauche repose sur l’accoudoir tripode, en partie disparu. Le visage est orné d’une barbe à trois pointes et le chignon est enserré dans une fleur de lotus.

Le rouleau horizontal les transformations de Lao zi (cat.21) de Wang Liyong (1120-1145) évoque un texte du IIe s. qui fait de Lao zi une incarnation du dao qui apparaît régulièrement à diverses époques pour rétablir l’ordre dans la société. L’une de ses transformations serait intervenue après sa disparition vers l’ouest et il serait devenu le Bouddha chez les barbares. Les dix transformations illustrées par Wang Liyiong sont bien individualisées et cite les apports à la civilisation de chacune.

 

Les luttes d’influence entre bouddhistes et taoïstes eurent un dénouement tragique sous Kubilai Khan. En 1281, celui-ci ordonna la destruction du canon taoïste et ce n’est que sous les Ming que les textes furent reconstitués.

XIWANGMU, LA REINE MERE DE L’OUEST :

Xiwangmu se situe dans la sphère des divinités depuis l’époque des Shang (1600-1050 avant notre ère). Elle a atteint le dao et contrôle l’immortalité, elle vit sur une montagne lointaine, le mont Kunlun, et préside au quartier occidental du ciel. Sa coiffure typique, sheng, faite d’une partie de métier à tisser, fait allusion à son activité de démiurge qui tisse l’écheveau du monde mais peut aussi le détruire.

Sur l’estampage d’une brique funéraire (cat.26) des Han orientaux (25-220 apr. J.C.) elle figure assise de face sur un trône moitié tigre et moitié dragon. Autour d’elle sont figurés le renard à neuf queues et le lièvre qui tient les herbes médicinales, tous deux symboles de longévité. Sous le trône un crapaud dansant et un corbeau à trois pattes personnifient la lune et le soleil.

Le rouleau horizontal de Qiu Ying (1494-1552), rassemblement des immortels à la Fête des pêches dans le verger de Xiwangmu (cat.36.1) nous livre une succession de scènes : le voyage des immortels en route pour la fête, leur réunion dans le palais de la déesse sur le mont Kunlun, qu’eux seuls peuvent atteindre, et la cueillette des fameuses pêches d’immortalité qui ne mûrissent que tous les trois mille ans.

Le rouleau vertical de Wen Boren (1502-1575), Fanghu, l’ile des immortels (cat.31.2), dépeint dans un style raffiné cet endroit magique où l’herbe persiste en hiver et où les fleurs ne se fanent jamais. Ces îles des immortels paraissaient tellement réelles que l’empereur Qin Shihuangdi envoya une flotte pour rapporter l’élixir d’immortalité de l’île Yingzhou.

Le brûle-parfum, boshanlu, en bronze (cat.29.1), Han occidentaux (IIe s. av. J.C.), illustre bien le type de montagne magique posée sur un pied décoré de dragons. Le couvercle en forme de cône est sculpté d’un paysage mouvementé qui s’élève pour former un pic. Ces boshanlu étaient utilisés pour faire brûler de l’encens et des produits hallucinogènes lors des cérémonies funéraires mais aussi dans le monde des vivants.

La tapisserie (kesi) d’anniversaire de naissance (cat.34.1) du début de la Dynastie Qing (XVIIe-XVIIIe s.) montre Xiwangmu sur son phénix descendant du ciel vers Shoulao qui vient à sa rencontre sur une grue. En dessous, les Huit immortels attendent sur une terrasse de jade, sous un pêcher. En bas de la scène, de nombreux enfants gambadent au milieu de pavillons dans des jardins ou sur un pont qui enjambe les eaux du lac de turquoise. Tous les éléments sont réunis ici qui offrent chance, bonheur et longue vie.

LES SYMBOLES DE LONGUE VIE :

Les quatre vases en porcelaine en forme de calebasse (cat.38.1) du XVIIIe s. évoquent la double courge qui est l’un des attributs les plus courants des immortels.

Les deux verseuses à alcool (cat.38.4) en porcelaine turquoise et aubergine du XVIIIe s. renvoient, par leur forme de pêche, aux fruits d’immortalité du jardin de Xiwangmu.

La coupe libatoire sur pieds de lingzhi (cat.38.7) en jade du XVIIIe s. montre l’amadouvier, champignon parasite, qui est un des ingrédients de l’élixir. De plus sa forme stylisée le rapproche des nuages de souffle qi.

Les deux sceptres ruyi en jade (cat.38.10) du XVIIIe s. sont déjà des talismans mais peuvent cumuler d’autres symboles : lingshi, chauve-souris, grue ou cerf, etc.

 

ASSEMBLEE DES DIEUX :

Les dieux du panthéon taoïste sont organisés à l’image de la bureaucratie impériale. Etant conçus comme des émanations du dao ils lui sont inférieurs.

Au-delà de cette hiérarchie siègent les Trois Purs considérés comme les plus hautes émanations du dao.

Yuanshi tianzun, le vénérable céleste du commencement originel (cat.39.2) en bronze, vers 1500, montre un dieu au visage jeune, une main, paume vers le ciel, posée sur l’accoudoir et esquissant de la main droite un geste sacré. Il peut aussi tenir dans sa main gauche la perle du chaos originel.

Lingbao tianzun, le vénérable céleste du joyau sacré (cat.39.3) en bronze doré, vers 1300, propose une image parfaite de ce dieu, lui aussi appuyé sur l’accoudoir, mais tenant le sceptre ruyi.

Daode tianzun, le vénérable céleste de la voie et de son pouvoir (cat.39.4) en bronze doré, daté de 1438, n’est autre que Lao zi divinisé : le sage vieillard au chignon enserré d’un lotus est assis devant l’accoudoir et devait tenir un chasse-mouche.

L’empereur de jade Yuhang dadi, est le chef de la bureaucratie. Sur l’impression xylographique de 1712, Somme des actes fondateurs du très haut empereur de jade (cat.40), Yuhang dadi coiffé du mian impérial, une tablette hu dans les mains, est assis sur son trône et il est entouré d’une cour de dieux et de gardes.

Zhenwu, empereur suprême du ciel sombre, le dieu du nord figure sur l’estampage d’une stèle datée de 1586 (cat.46.2). Guerrier guérisseur et exorciste, il est représenté ici en armure, tenant une épée autour de laquelle s’enroule une flamme. Il se tient debout sur une tortue enlacée d’un serpent, son symbole initial.

Zhong Kui, le pourfendeur de démons, est un personnage très populaire qui a nourri la littérature et le théâtre. Lettré ayant échoué au plus haut niveau des examens, il se suicida devant le palais impérial. L’empereur Xuangzong des Tang, souffrant, rêva qu’il rencontrait un démon que Zhong Kui attaqua et dévora. Il expliqua que depuis que l’empereur Gaozu l’avait honoré d’une sépulture digne d’un officier de cour, il avait fait vœu de combattre les démons. Sur l’estampage du XVIIIe s. (cat.50.1) Zhong Kui est dépeint dans l’attitude du redoutable guerrier au combat alors que la statuette de l’ivresse de Zong Kui (cat.50.3), en porcelaine (début du XVIIIe s.), évoque l’anecdote de sa neutralisation par les démons qui l’avaient fait boire plus que de raison.

La statue de Bixia yuanjun, la souveraine des nuages de l’aurore (cat.41.1), grand bronze avec traces de polychromie (XVe s.), montre cette divinité devenue très populaire à partir des Ming avec deux minuscules enfants sur ses genoux. Appelée la mère divine, elle est une divinité tutélaire des femmes, mais sa protection s’adresse plus particulièrement aux épouses alors que celles qui vivent en dehors des liens du mariage se tournent plutôt vers Xiwangmu.

 

LA QUÊTE DE LONGUE VIE :

La quête de l’immortalité a inspiré une recherche individuelle mais aussi collective (rituels, prières, offrandes). En plus de l’utilisation de recettes relevant de l’alchimie, la quête du dao se fait intérieurement par des exercices gymniques ou par des exercices spirituels et des méthodes de contemplation. L’alchimie d’abord minérale (transmutation du cinabre en or, etc.) laissera la place à l’alchimie végétale, ce qui n’empêchera pas des empoisonnements accidentels.

La peinture sur soie de Li Tang (1049-1130) collecte des simples sur le mont des Immortels (cat.57.1) montre un taoïste portant une calebasse sur l’épaule marchant sur un sentier bordé d’arbres gigantesques.

Un rocher de jade (XVIIIe s.) quête des simples dans la montagne (cat.57.2), illustre cette recherche de l’immortalité : un vieil homme accompagné d’un jeune serviteur traverse un pont couvert de neige gelée qui pend en stalactites au-dessus de la rivière. Tous deux portent les champignons et herbes d’immortalité.

Le rouleau vertical de Ding Yunpeng (1547-1628) Ge Hong changeant de résidence (cat.59) dépeint ce célèbre taoïste de la dynastie Jin, spécialiste de la médecine et de l’alchimie, monté sur un bœuf et suivi d’un domestique accompagné d’un chien, lors de son voyage vers la région de Jiaozhi renommée pour une réserve de cinabre.

Le rouleau horizontal de Wen Boren (1502-1575) aube de printemps sur la terrasse de l’élixir (cat.64) décrit un sentier tortueux dans un paysage accidenté qui mène à une terrasse sur laquelle un maître taoïste contemple un chaudron fumant dans lequel cuit l’élixir de longue vie. A mi-chemin, sur le sentier, un enfant portant une binette et un panier rempli de lingzhi se dirige vers la terrasse. Le peintre a joué entre un premier plan dense et un arrière-plan vaste et ouvert.

L’alchimie intérieure, neidan, remplace l’alchimie extérieure, waidan, dans la quête d’immortalité à partir du XIIe s.

L’impression xylographique du début du XIXe s. paysage de la circulation intérieure, neijing tu (cat.65.1) décrit les circulations du yin et du yang dans leurs transformations successives pour produire l’élixir d’immortalité. Le corps alchimique est traité comme un paysage : les trois champs de cinabre, tête, thorax et abdomen sont reliés par l’épine dorsale où circule l’énergie. Tout en bas, un char hydraulique inverse le courant pour faire remonter le souffle ; cette eau yin se transforme en feu yang ; au-dessus, la tisserande voit son yin monter vers la trachée et redescendre vers le cœur ; le champ de cinabre supérieur, la tête, est assimilé au mont kunlun.

Le rouleau horizontal de Shitao (1642-1720) une visite à la grotte de Zhang Gong (cat.68.1) dépeint un lieu touristique connu où aurait vécu Zhang Daoling, le fondateur du taoïsme religieux au IIe s. Le lettré en contemplation est minuscule par rapport à cette grotte imposante d’où pendent des stalactites, mamelles de la Terre. Le paysage est magistralement traité qui oppose ombre et lumière.

RITES ET LITURGIES :

Les rites sont ce par quoi les religions s’expriment. Les rites taoïstes se déroulent suivant deux modalités principales, le zhai, liturgie de purification, jeûne et retraite et le jiao, liturgie d’offrande aux divinités.

Le rouleau vertical de la Dynastie Song (960-1279) les Trois officiels en tournée d’inspection (cat.76.1) illustre la légende selon laquelle les Trois officiels parcourent le monde pendant trois jours pour inspecter et juger le destin des hommes et des esprits. L’officiel du ciel est dans un char tiré par un cerf, celui de la terre est monté sur un lion et celui de l’eau chevauche un dragon.

Les trois statues des rois des enfers (cat.85.2, 86.2, 86.4) en fonte de fer, sont datées de 1517. Les enfers qui sont au nombre de dix sont chacun régi par un roi qui juge et puni les fautes commises dans sa sphère d’influence. Cette organisation n’est pas sans rappeler l’administration impériale.

La feuille d’album (cat.69.1) cérémonie taoïste (vers 1700) représente un moment d’un rite funéraire. L’aire sacrée est ici installée dans une cour intérieure et le prêtre, officiant devant un autel surélevé qui figure le pic sacré, présente un document qui recommande la défunte aux autorités de l’autre monde. La garniture d’autel (cat.89.2) en cuivre émaillé du XVIIIe s. se composant de cinq pièces (un brûle-parfum central, deux porte-bougies et deux vases zun) évoque celle qui se trouve sur l’autel de la feuille d’album. Durant la liturgie le prêtre taoïste porte un costume orné de nombreux symboles brodés. Le vêtement jiangyi ou « vêtement de descente » (cat.91.1) en satin brodé du XVIIe s. est particulièrement spectaculaire. Son décor brodé évoque l’univers dans son ensemble : les Trois purs figurent au-dessus de l’empereur de Jade entouré d’êtres célestes. La bordure inférieure est ornée d’une alternance de trigrammes et de triades (divinité-ciel, être humain-terre, créature aquatique-eau).

L’épée est avec le miroir et le brûle-parfum l’un des instruments fondamentaux du rituel taoïste. L’épée rituelle (cat.90.1) de 1403 en acier, or et jade porte, gravé sur sa lame ainsi que sur sa garde de jade, le motif stylisé de la Grande Ourse. Ces armes possèdent un pouvoir exorciste qui permet de protéger l’adepte et de purifier le corps.

Les Chinois nourrissent deux espoirs : chasser le malheur et attirer le bonheur d’où la prolifération de talismans, fu, qui peuvent se présenter sous forme d’écrits, de sceaux, d’amulettes en forme de pièces de monnaie telle que les deux amulettes zodiacales (cat.79.3) en fonte de la dynastie Song.

Le taoïsme a été très réprimé depuis le XVIIIe s. et le coup de grâce lui a été donné durant la révolution culturelle. Depuis 1978 on observe une réouverture de temples centraux et, même si la gamme des rituels proposés aujourd’hui est beaucoup plus réduite qu’autrefois, la culture taoïste reste bien vivante dans le monde chinois.

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