Japon-Japonismes-objets inspirés, 1867-2018

Lundi 28 janvier 2019: Japon-Japonismes-objets inspirés, 1867-2018, visite-conférence de l’exposition au Musée des Arts Décoratifs.

L’exposition met en lumière le rôle qu’a joué le Musée des Arts Décoratifs dans la diffusion et la connaissance des arts décoratifs japonais. Depuis sa fondation, en 1864, le MAD a été un pionnier dans la conservation et la présentation d’œuvres artistiques japonaises. L’exposition s’articule autour de cinq thèmes: la découverte, la nature, le temps, le mouvement et l’innovation. La présentation d’objets japonais est mise en regard des créations du japonisme français.

Le Musée oriental au palais de l’Industrie. 1869.Photographie de Franck.

Meuble d’encoignure. 1874. Émile Beiber, Grohé Frères, Antoine Tard. Christofle & Cie.

Affiche pour l’Exposition universelle de 1878 au Trocadéro.

Vase Mont Fuji. Vers 1884. François-Eugène Rousseau. Verre soufflé, doublé modelé à chaud, gravé à la roue.

La découverte commence avec l’ouverture du Japon en 1868, lors de la restauration Meiji. Ceci va faciliter les contacts et le Japon participera aux grandes Expositions universelles favorisant ainsi la connaissance et la transmission de sa culture. C’est aussi l’époque où quelques collectionneurs comme Henri Cernuschi (1821-1896), Émile Guimet (1836-1918) ou Siegfried Bing (1838-1905) rapportent estampes et objets de leurs voyages et participent à la diffusion de cet art. En quelques années, le japonisme va s’emparer des arts décoratifs européens. Des artiste comme Toulouse-Lautrec (1864-1901), Eugène Grasset (1845-1917), Émile Gallé (1846-1901) ou Louis Majorelle (1859-1926) vont puiser leurs inspiration dans ce nouveau répertoire. Il en est de même pour la renaissance des grès qui, jusque-là, n’étaient guère appréciés, la clientèle préférant la porcelaine. Il faut cependant noter que le Japon fabriquera des objets pour l’exportation pour flatter le goût européen.

Vase. Itaya Hazan. Vers 1929. Porcelaine.

Lampe Glycines. 1925. Émile Gallé. Verre multicouche.

Vase Chou. 1901. Lucien Gaillard. Bronze.

Papier peint à motif répétitif. 1879.Manufacture Desfossé et Karth. fabricant-éditeur.

La nature, qui est au cœur de l’art japonais va être une nouvelle source d’inspiration pour les artistes, artisans et industriels français à partir des années 1860. Les motifs de plantes (bambous, iris, chrysanthèmes, glycines, etc.) et d’animaux (oiseaux, crustacés ou insectes) sont réinterprétés et adaptés au goût européen dans tous les domaines (mobilier, textiles, objets, affiches). Le japonisme évoluera cependant depuis l’Art nouveau et l’Art déco va géométriser les thèmes.

Affiche pour les chemins de fer de l’État. 1927. Lithographe Atelier Dorival. Imprimeur F. Champenois.

Papier peint, décor. 1902. Manufacture Zuber fabricant-éditeur. Arnold Stutz, dessinateur.

Portrait d’acteur Kabuki. Kunisada Utagawa. Vers 1830. Xylographie.

Affiche pour la Revue des Folies Bergère. Clown Chocolat Foottit. 1902. Sem, dessinateur.

Le temps, qui est un sujet favori au Japon avec la déclinaison des saisons, joue aussi un rôle essentiel dans les rituels. Les Européens sont fascinés par la perfection des objets japonais mais sans toujours en comprendre la signification profonde. Les objets du quotidien utilisés pour la cérémonie du thé, la cérémonie de l’encens ou pour la calligraphie sont collectionnés mais souvent détournés de leur fonction première. Un exemple: les tissus fukusa qui servent, au Japon, à couvrir un cadeau sont encadrés et accrochés au murs des appartements bourgeois en occident.

Fukusa. Satin de soie brodé, fils d’or appliqués. Japon. Seconde moitié du 19e s.

Vase la Carpe. 1878. Émile Gallé. Verre bleuté dit «clair de lune», soufflé-moulé et émaillé.

Kabebukusa avec décor brodé de trois grues en vol sur des vagues. Fils de soie. Japon. 18e – 19e s.

Papier peint à motif répétitif. 1920-21. Sté des Anciens Établissements Desfossé et Karth, fabricant. André Groult, éditeur.

Le mouvement est d’abord illustré par le déplacement mais aussi par la faculté qu’ont les artistes japonais à saisir l’instant, que ce soit dans les estampes de représentations théâtrales ou dans l’art de l’école Rinpa. Le vol des grues, les mouvements des vagues ou des poissons, captés comme dans un instantané photographique sont admirés et repris par les artistes européens. Le mouvement se traduit aussi par les échanges commerciaux entre la France et le Japon qui débutèrent au 17e s. et se poursuivent jusqu’à nos jours.

L’innovation est évoquée au travers des procédés techniques traditionnels japonais qui ont inspiré les créateurs occidentaux et les ont poussés à utiliser de nouveaux matériaux et de nouvelles techniques dans les domaines de la céramique, de la laque, des alliages et patines métalliques, mais aussi à envisager une autre façon de mettre en scène un décor. La mode est invoquée avec des créateurs comme Paul Poiret, Issey Miyake, Junya Watanabe, Rei Kawakubo et John Galliano.

Les influences mutuelles entre la France et le Japon et les échanges entre ces deux pays prennent des formes multiples qui se renouvellent sans cesse.

Chaise longue basculante. 1941. Charlotte Perriand. Bambou, chêne, hêtre et aluminium.

Chiffonnier «Side1». 1970-71. Kuramata Shiro. Cappellini éditeur. Frêne, acier brossé, bois laqué.

Harmonize. 2018.Nakazato Yuima. Yuima Nakazato Co. Ultrasuede, nylon polyurethane.

Nihon Buyo. Manteau plissé sortant de la machine. 2015. Ikko Tanaka Issey Miyake. Polyester et papier.

 

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