Kim Tschang-Yeul : La goutte et le trait

Visite de l’exposition commentée par Mael Bellec, conservateur en chef au musée Cernuschi.

Cet artiste coréen (1929-2021), bien qu’ayant accompli sa carrière essentiellement en France, est retourné en Corée sur ses vieux jours. C’est un des trois grands peintres coréens du 20ème siècle et un artiste mondialement connu. Cette exposition est la première qui lui est consacrée dans un musée depuis celle organisée par la Galerie Nationale du Jeu de Paume en 2004.

Né en Corée (du Nord) sous l’occupation japonaise, il contribue, dans les années 1950, à l’implantation dans la péninsule de formes abstraites. Dans les années 1960, le climat politique se durcissant, Kim Tschang-Yeul part aux États-Unis où il est déçu et connaît des difficultés car l’expressionnisme abstrait est dépassé et le Pop’art est déjà en vogue. En 1969, il quitte New-York pour s’installer à Paris, où il entreprend de développer et perfectionner son vocabulaire artistique.

Les gouttes d’eau, pour lesquelles il est particulièrement connu, sont d’abord représentées en trompe-l’œil, puis, à l’aide de glacis et de plusieurs couches, il crée de la luminosité en plus du relief. Les premières gouttes d’eau sont placées au centre de la toile laissant un grand espace vide autour.

Goutte d’eau. 1973. Huile sur toile. Collection privée.

Newspaper.1986. Aquarelle sur papier journal. Collection privée.

Récurrence. 1996. Encre, huile et acrylique sur toile. Collection privée.

L’autre procédé est la reproduction de l’écriture chinoise qui arrive assez tôt, dans les années 1970. Il a commencé par peindre des gouttes d’eau sur du papier journal, associant ainsi l’écrit et la goutte d’eau mais c’est à partir des années 1980 qu’il intègre l’écriture sous forme de caractères chinois dans ses toiles. Ces caractères sont directement inspirés du Classique des mille caractères qui lui servait d’apprentissage de la calligraphie dans son enfance. Cette nouvelle manière donne naissance à la série Récurrence, sur laquelle il travaillera jusqu’à la fin de sa vie, parallèlement à d’autres séries.

Récurrence. 1994. Encre, huile et acrylique sur toile. Collection privée.

Récurrence. 2008. Huile et acrylique sur toile. Collection privée.

La disposition de l’écriture permet des compositions géométriques plus ou moins savantes sur lesquelles viennent se placer les gouttes d’eau. Dans certains cas, les caractères sont noirs, noirs et gris, rouges; parfois de la même couleur que le fond, ils sont à peine visibles. Cela permet à l’artiste de multiples combinaisons et  superpositions. Certaines œuvres exécutées sur papier, mariant aquarelle, encre et acrylique, retrouvant ainsi le geste du calligraphe.

Kim Tschang-Yeul a beaucoup travaillé les textures comme support des gouttes d’eau, utilisant sable ou sciure de bois.

Parallèlement à la peinture, Kim Tschang-Yeul crée des installations et des sculptures comme Récurrence (1995) composée de deux parallélépipèdes de cuivre et de billes de verre.

En 2016, le musée Kim Tschang-Yeul a ouvert dans la province de Jeju en Corée du sud.

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