HIROSHIGE, L’ART DU VOYAGE

Hiroshige, l’art du voyage, exposition de la Pinacothèque de Paris (du 3 octobre 2012 au 17 mars 2013), présentée par Sylvie AHMADIAN.

Cette exposition est consacrée aux estampes du célèbre maître japonais Hiroshige (1797-1858), qui, au même titre que Hokusai, a accordé une place prépondérante au paysage dans le domaine de l’ukiyo-e ou « images du Monde flottant ».  Elle présente des œuvres provenant du musée national d’Ethnologie de Leyde qui a le privilège de posséder un ensemble presque complet de l’œuvre intégral de l’artiste.

En dehors des vues d’Edo  – dont la plus remarquable et la plus luxueuse série, intitulée Cent vues des lieux célèbres d’Edo, fut réalisée par Hiroshige à la fin de sa vie, de 1856 à 1858, – l’exposition entraîne le spectateur sur les deux grandes routes mythiques du Japon, le Tôkaidô ou « Route de la mer de l’Est » et le Kisokaidô ou « Route de l’intérieur ». Ces deux voies de circulation, qui permettaient de relier Edo (actuelle Tokyo), la capitale shogunale, à Kyoto, la capitale impériale, étaient jalonnées de multiples relais que le spectateur est amené à parcourir par le biais de l’estampe, et ainsi effectuer un voyage fictif à travers le Japon de la fin de l’époque d’Edo ou de la première moitié du XIXème siècle.

Les estampes retraçant les Cinquante-trois relais du Tôkaidô présentées dans l’exposition,  appartiennent à la plus illustre des séries élaborées par Hiroshige sur ce thème, publiée par l’éditeur Hôeidô, en 1834.  Cette série, grâce à laquelle il a connu une extraordinaire popularité, offre un charme inoui par la simplicité des descriptions des lieux et des sites célèbres du Japon, par le rendu atmosphérique et la beauté des paysages dépeints au gré des saisons.

Récemment encore, on pensait qu’elle avait été réalisée après le voyage effectué par Hiroshige au cours de l’été 1832, faisant partie du cortège officiel qui allait présenter à l’empereur les chevaux offerts par le shogun ; cependant, aujourd’hui, cette version est contestée par certains spécialistes qui pensent que si Hiroshige a accompli de courts voyages sur le Tôkaidô, il s’est également inspiré de guides de voyage antérieurs.

Dans les estampes consacrées aux Soixante neuf relais du Kisokaidô, datées de 1838 à 1842, Hiroshige a notamment usé d’effets d’ombre et de lumière, employant parfois le noir pour ses silhouettes qui, telles des ombres chinoises, se détachent sur le blanc du papier. Il parvient aussi à rendre l’impression de brumes et de brouillard, à suggérer l’épaisseur de la neige, à figurer la pluie sous ses différents aspects, d’où son surnom de « Maître de la pluie », en raison de la force et de la densité de ses paysages sous les ondées.

L’exposition présente aussi des guides de voyage, des objets tels que des podomètres pour mesurer la distance parcourue, des geta ou sandales en bois et paille de riz, un nécessaire à thé conçu pour les déplacements des daimyo, un kago ou palanquin qui ont servi lors de voyages effectués à l’époque de Hiroshige.

Diffusées en Europe durant le seconde moitié du XIXème siècle, les estampes de Hiroshige, comme celles de nombreux autres artistes du Japon, ont suscité l’engouement des amateurs pour l’art japonais et contribué à la formation du Japonisme en Europe. Aujourd’hui encore, les estampes de Hiroshige dépassent les limites de leur temps et exercent toujours une véritable fascination…

Utagawa Hiroshige. Les 69 relais du Kisokaidô. 40eme étape. Suhara

Utagawa Hiroshige. Les 53 relais du Tôkaido. 14eme étape. Hara

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