Relation du Voyage en Birmanie du 10 au 23 mars 2017 par Jacqueline Berthelot-Blanchet

L’ouverture récente de la Birmanie, pays replié sur lui-même selon une tradition séculaire, a été l’élément déterminant intervenu dans le choix du voyage annuel de notre association.
Préparé en étroite collaboration avec Anne Fort, conservatrice au musée Cernuschi qui a tenu à nous faire partager ses connaissances en dépit d’un problème de santé, ce voyage était prévu en Haute Birmanie, de Mandalay à Yangon, en passant par l’incontournable lac Inlay.
Ce fut un enchantement !!! Difficile en effet de ne pas succomber au charme de ce morceau d’Asie du Sud Est où foi, légendes, culte des esprits (nat) et traditions y rythment la vie de ses habitants, dressant ainsi un rempart contre une mondialisation encore à l’état de balbutiements dans les grandes villes. Tout cela malgré des problèmes nés de la diversité des 135 ethnies peuplant le territoire et d’une dictature militaire toujours présente bien qu’invisible pour l’étranger de passage. En témoigne l’animation des temples croulant sous les offrandes, les pèlerins nombreux à être entassés dans des camionnettes au cours de leurs déplacements et les processions conduisant à la vie monacale de très jeunes enfants dans une parfaite allégresse. En témoigne également la myriade de temples, de pagodes, de monastères et de zédis (stupas) enchâssés dans une végétation luxuriante dont la plupart d’entre eux, dorés à l’or fin, scintille sous un soleil resplendissant.

Monastère Shwenandau. Mandalay. ©J.Berthelot-Blanchet.

Grand Buddha de la pagode Mahamuni. Mandalay. ©J.Berthelot-Blanchet.

Monastère Pho Win Taung. Région de Moniwa. ©J.Sarre.

De tous ces monuments seuls les zédis étaient construits à l’aide de matériaux destinés à perdurer, à l’opposé des monastères et des palais royaux auxquels le bois était réservé. D’où leur rareté, conséquence des invasions guerrières et des tremblements de terre. C’est pourquoi le monastère de Shwe Nandow en demeure un des précieux spécimens. Construit en teck en 1857, rescapé de l’incendie du Palais royal de 1945 pour avoir été déplacé en 1878 par le roi Thibow, puis transformé par ses soins en un monastère dédié à la mémoire de son père, le roi Mindon, l’édifice reflète le raffinement des palais royaux d’antan, grâce notamment à ses admirables sculptures illustrant les Jatakas
Partout dans le pays règne une profusion de bouddhas dont la datation demeure le plus souvent incertaine en raison de leur reconstitution due aux destructions d’envahisseurs et aux séismes fréquents, au fil des siècles.

La Plaine de Pagan avec ses nombreux temples et zédis. ©J.Sarre.

Les amis devant les zédis du site de Kakku.

Mandalay, dernière capitale royale, et sa vie monastique intense, Pagan et son site archéologique de 42km2 porteur de 2900 édifices, Yangon et le Shwedagon (qualifié de mystère doré par Rudyard Kipling), Pindaya et ses grottes aux 9000 bouddhas nous ont, bien entendu, interpellés. Toutefois, une mention particulière se doit d’être faite du sanctuaire de Pho Win datant du XVIIIème siècle ainsi que du monastère du Shwee Ba Taung, curieusement comparé à Pétra.  De même, Kakku ne saurait être oublié, sa forêt de zédis (certains du XIème et XIIIème siècle) aux ombrelles pourvues de clochettes ne cessant de se poser en énigme aux yeux des archéologues.
Loin d’être exhaustive, la mention de ces lieux ne saurait passer sous silence les musées : musée archéologique et musée de la laque à Pagan, musée national de Yangon avec un département consacré à la peinture contemporaine jouxtant les départements classiques du bâtiment.
Atelier de laque où, particularité birmane, beaucoup d’objets sont créés à partir de crins de cheval, spectacles de marionnettes, flâneries sur les marchés, fabrique de cheroots (cigares), atelier de tissage, fabrication d’ombrelles et de vanneries, navigation sur l’Irrawady et sur le lac Inlé ont permis une approche de l’âme birmane au contact de la population.

Femmes de l’ethnie Shan sur le lac Inle. ©J.Sarre.

Pagode Shwedagon. Yangon. ©J. Sarre.

Pagode Shwedagon. Yangon. ©J.Sarre.

Il est vivement souhaitable que ce pays déchiré par de graves problèmes religieux et politiques dont la presse ne manque pas de se faire l’écho puisse s’ouvrir aux valeurs du monde occidental sans que la grande pieuvre « appelée civilisation d’occident » pour reprendre Pierre Loti, ne lui fasse perdre son identité.

Au final, un voyage dont la parfaite réussite peut s’enorgueillir de l’ambiance amicale et chaleureuse dans lequel il s’est déroulé.

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