2012 : Cerisier En Fleur

MC 2012-1. Cerisier En Fleur. Okimono, Encre et Couleur sur papier. Signée et datée 1803- Oda Shitsuhitsu (1779-1832)- ©Stéphane Piera

2012 : Cerisier En Fleur. Okimono, Encre et Couleur sur papier. Signée et datée 1803- Oda Shitsuhitsu (1779-1832), MC 2012-1

L’œuvre présentée ici apparaît remarquable à bien des égards, en particulier :

– le statut quasi emblématique de son auteur : une des rares femmes peintres de l’époque, issue qui plus est d’une célèbre famille de seigneurs féodaux (telle est l’origine, même si souvent moins prestigieuse, de nombre de peintres du courant lettré ou même ukiyo-e aux XVIIIe et XIXe siècles). Rares sont les institutions possédant des œuvres de cette artiste, absente qui plus est des collections publiques européennes.

– le parcours de l’artiste, qui l’amena à travailler en particulier à Kyoto à la fin du XVIIIe siècle, cité qui était alors le creuset de bien des expérimentations picturales dont cette peinture porte certaines réminiscences (il semble qu’on puisse y déceler des traces de recherches de précurseurs, notamment de peintres dits excentriques, tels Nagasawa Rosetsu inspiré lui aussi dans certaines compositions de Kano Eitoku ; mais aussi plus lointainement, dans le travail sur la couleur, de peintres de l’école Rimpa).

– la qualité intrinsèque de l’œuvre, qui s’impose par la maîtrise, l’originalité et la beauté de sa composition ; si le principe de la représentation tronquée d’arbres fut de fait exploité dès la fin du XVIe siècle par le grand peintre Kanô Eitoku, à l’échelle de grands paravents ou de cloisons coulissantes, il est transposé ici dans le format plus réduit, étroit, d’un kakemono de grande taille. Cette focalisation encore plus étroite sur le motif, qui occupe l’essentiel de la surface picturale et est projeté en gros plan vers le spectateur, confère énergie et modernité à cette peinture qui ne date pourtant que du début du XIXe siècle. Le thème du cerisier en fleur est un thème pictural très prisé au Japon depuis les temps les plus anciens, autour duquel se sont développé nombre d’associations littéraires et symboliques ; il est dans cette peinture amplement revisité, habité par une tension dramatique due à la composition très audacieuse, préfigurant presque les vues d’Edo conçues au milieu du XIX e siècle par Hiroshige (qui privilégient dans la série de 1858 la mise en exergue d’un unique motif en gros plan, oblitérant en partie la surface picturale totalement repensée).

Parmi les grands courants picturaux développés à Kyoto vers la fin du XVIIIe siècle, outre la possible influence de peintres tels Nagasawa Rosetsu, on peut citer également le travail de Maruyama Okyo qui s’attacha également dans le dernier tiers du XVIIIe siècle à dépeindre, à l’échelle de vastes paravents ou de kakemonos, des pins dont les troncs noueux, ou contournés, vus en gros plans, échappent souvent au cadre de la composition .

– la mise en couleurs, sans contours, par des lavis qui suggèrent subtilement sur le tronc du cerisier volumes et ombres légères.

Enfin la peinture a été conservée dans un état parfait (de même que le très beau montage).

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