Les reproductions de l’art funéraire de Koguryŏ. Contexte et évolution, typologie, diffusion.

Conférence par Nae-Young Ryu, Docteur en histoire de l’art.

Dans l’ancien royaume coréen de Koguryŏ de somptueuses peintures funéraires ont été réalisées du IVe au VIIe siècle, témoignant d’une civilisation développée. Elles se trouvent aujourd’hui en Chine, dans l’aire de Jí’ān, et en Corée du Nord, dans celle de P’yŏngyang.

Ces représentations, classées en 2004 au patrimoine mondial de l’Unesco, sont les plus anciens témoignages picturaux coréens existant aujourd’hui. Elles révèlent un grand brassage culturel, influencées comme elles l’ont été par des arts et des techniques venus de Chine ou d’Asie centrale, et ayant influencé à leur tour l’art du Japon.

Les sujets très variés peints sur les murs et les plafonds des chambres et des passages sépulcraux présentent d’innombrables figures basées sur la cosmologie chinoise, la culture des steppes, la pensée taoïste ou les croyances bouddhiques.

Ces peintures se sont développées en trois grandes périodes. Les deux premières sont caractérisées par des scènes de la vie des défunts, avec des images officielles, des images de société ou des images plus quotidiennes, montrant des parties de chasse, des représentations de danses et d’acrobatie, des luttes traditionnelles ou encore des processions religieuses. La dernière période voit apparaître des images taoïstes, immortels ou divinités des quatre points cardinaux. Et, à côté de la figuration humaine ou anthropomorphe, une profusion de motifs ornementaux très singuliers.

Depuis la chute du royaume au VIIe siècle et jusqu’à tout récemment, ces peintures murales funéraires situées à l’intérieur des tumuli ont été invisibles. Ce n’est qu’à l’époque moderne que les tombes ont été fouillées et que des reproductions ont commencé à être réalisées.

Le premier à avoir pris des photographies et à les avoir publiées est le sinologue français Édouard Chavannes, suite à son voyage en Chine de 1907. Des travaux de qualité et d’importance ont ensuite été réalisés par des équipes scientifiques et artistiques japonaises durant la période d’occupation du pays. Après la naissance des deux États coréens actuels, de nouveaux travaux sont initiés, prolongeant les précédents et s’en distinguant aussi, d’abord séparément de part et d’autre, puis de manière conjointe. Parallèlement, des travaux seront également réalisés en Chine.

Notre conférence visera à retracer brièvement l’histoire, déjà plus que centenaire, des très nombreuses reproductions des peintures funéraires de Koguryŏ, essentiellement japonaises, nord-coréennes et sud-coréennes, lesquelles ont été déclinées sur de multiples supports, des photographies en noir et blanc sur plaques de verre, aux copies peintes grandeur nature ou réduites, aux images de synthèse manuellement et numériquement restaurées.

La conférence suivra trois axes, qui s’entremêleront : le contexte de naissance des reproductions et leur évolution, naturellement liée à l’histoire politique et sociale ; leur riche typologie, dérivant étroitement des différentes techniques utilisées au fil du temps ; enfin, leur diffusion, notamment dans des publications de types divers, mais aussi sous d’autres formes, comme dans des expositions ou dans les toutes récentes animations numériques.

Se profilera ainsi une courte histoire des images, et en particulier de ces images étonnantes que sont les reproductions d’œuvres d’art. Une histoire d’autant plus nécessaire que c’est justement à travers cet ensemble particulièrement riche de reproductions que nous pouvons aujourd’hui connaître, souvent en profondeur, ces peintures fondatrices de l’art coréen, dont les originaux sont hélas difficilement accessibles voire inaccessibles.

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