Kanazawa – Aux sources d’une culture de samouraïs

du 2 octobre au 14 décembre 2013.

Maison de la culture du Japon à Paris – 101Bis Quai Branly – 75015 Paris

Située en bordure de la mer du Japon, Kanazawa était la capitale du fief de Kaga. Ce fief, le plus grand du Japon, était depuis le milieu du XVIe siècle celui du puissant clan Maeda qui y encouragea l’épanouissement des arts. Les seigneurs Maeda favorisèrent le développement de la cérémonie du thé et du théâtre nô, éléments incontournables de la diplomatie entre guerriers, et accueillirent les plus grands maîtres artisans d’Edo (actuel Tôkyô) et de Kyôto. Alors que le Japon traversait une longue période de paix, les samouraïs de Kanazawa établirent avec succès leur propre culture, distincte de celle d’Edo, siège du gouvernement du shôgun. Cette exposition présente bien sûr des armures, sabres et casques de guerriers. Elle fera cependant la part belle aux arts liés à la cérémonie du thé (céramique, calligraphie…) ainsi qu’au théâtre nô avec de splendides masques et kimonos. Une vaste sélection de luxueuses pièces d’artisanat d’art (étoffes teintes, laques maki-e, pièces d’orfèvrerie, céramiques) sera également exposée.

Les Maeda, sei­gneurs du fief de Kaga, et leurs vas­saux

Dans la seconde moi­tié du XVIe siè­cle, son sou­tien à Oda Nobunaga puis à Toyotomi Hideyoshi – les deux plus grands chefs de guerre de l’époque – valu­rent à Maeda Toshiie (1538-1599) l’attri­bu­tion de domai­nes dans la pro­vince de Kaga. Il fut le pre­mier des qua­torze sei­gneurs qui se suc­cé­dè­rent à la tête du grand fief de Kaga. C’est en contre­bas du châ­teau où il rési­dait que se déve­loppa la ville de Kanazawa, dont la popu­la­tion comp­tait de très nom­breux vas­saux, ainsi que des com­mer­çants et des arti­sans. Avec plus de 100 000 habi­tants au début du XVIIIe siè­cle, elle était la qua­trième ville du pays après Edo, Ôsaka et Kyôto.
Cette sec­tion de l’expo­si­tion pro­pose de décou­vrir des objets ayant appar­tenu au clan des Maeda ainsi qu’aux famil­les de leurs vas­saux de haut rang.

Épanouissement de la culture à Kaga

La céré­mo­nie du théC’est au XVIe siè­cle, alors que le Japon était en proie à des guer­res inces­san­tes, que la céré­mo­nie du thé com­mença à être pri­sée des samou­raïs de haut rang. Elle était pour les guer­riers l’occa­sion de conso­li­der les liens entre eux, de se pré­pa­rer au com­bat et de se déten­dre. Certains sei­gneurs Maeda appri­rent cet art auprès des célè­bres maî­tres de thé Sen no Rikyû et Kobori Enshû. D’autres cons­ti­tuè­rent de magni­fi­ques col­lec­tions de bols en céra­mi­que, bouilloi­res et autres usten­si­les pour la céré­mo­nie du thé. C’est ainsi que Kanazawa devint un cen­tre impor­tant du chadô, la voie du thé. Des « objets d’excep­tion » uti­li­sés par le clan Maeda ainsi qu’une col­lec­tion d’usten­si­les réu­nis par leurs famil­les vas­sa­les sont ici pré­sen­tés aux côtés d’objets pour des céré­mo­nies du thé don­nées en l’hon­neur d’invi­tés impor­tants. Enfin est recons­ti­tuée une pièce de thé intime où sont expo­sés des usten­si­les au style « dépouillé » dit wabi.

Le monde du nô

Le nô, forme théâ­trale créée à la fin du XIVe siè­cle, s’est déve­loppé sous la pro­tec­tion des shô­guns et des guer­riers de haut rang. Epuré à l’extrême, cet art mêle chant, danse et musi­que. Maeda Toshiie, pre­mier sei­gneur de Kaga, se pro­dui­sait en per­sonne sur la scène du nô, sous l’influence du puis­sant Toyotomi Hideyoshi. Ses des­cen­dants furent eux aussi de grands ama­teurs de cet art. Ils appre­naient le nô dès leur plus jeune âge, enga­geaient des acteurs ama­teurs parmi les mar­chands et arti­sans de Kanazawa, orga­ni­saient des repré­sen­ta­tions pour des céré­mo­nies offi­ciel­les… Elément incontour­na­ble de la diplo­ma­tie entre guer­riers, comme la céré­mo­nie du thé, le nô devint à la mode parmi les mem­bres du clan et les cita­dins puis­sants. Un aperçu du faste qui entoure le monde du nô est donné grâce à un riche éventail d’objets ayant appar­tenu au clan Maeda : cos­tu­mes, mas­ques, acces­soi­res…

L’arti­sa­nat de Kaga

La fabri­ca­tion des armu­res exi­geait l’inter­ven­tion de tech­ni­ques arti­sa­na­les de haut niveau : orfè­vre­rie, laque et tex­ti­les teints. Pour cette rai­son, les meilleurs arti­sans d’Edo et de Kyôto furent conviés à Kaga pour y trans­met­tre leur savoir-faire. Les tis­se­rands tein­tu­riers de Kaga s’ins­pi­rè­rent de la tech­ni­que du yûzen impor­tée de Kyôto pour créer leurs pro­pres tis­sus à motifs colo­rés. Ils sur­pas­sè­rent rapi­de­ment Kyôto dans la pro­duc­tion d’excel­lence comme l’attes­tent les kimo­nos et rou­leaux déco­ra­tifs ici expo­sés. De même, ce sont des arti­sans cise­leurs de Kyôto qui per­mi­rent le déve­lop­pe­ment du damas­qui­nage de Kaga, tech­ni­que de tra­vail du métal uti­li­sée notam­ment pour orner les armu­res. Au milieu du XVIIe siè­cle, la tech­ni­que de cuis­son au four fut intro­duite dans le vil­lage de Kutani, non loin du fief de Kaga, par des potiers venus d’Arita, ville du Kyûshû répu­tée pour ses por­ce­lai­nes poly­chro­mes : c’est là l’ori­gine des céra­mi­ques colo­rées typi­ques de Kanazawa appe­lées ko-Kutani.
Perpétuant cette tra­di­tion d’excel­lence, Kanazawa reste aujourd’hui encore une région d’une richesse excep­tion­nelle – même pour le Japon – en arti­sa­nat d’art.

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