Jardin de Yili et maison atelier de Foujita
Mercredi 29 avril 2009
Compte rendu de l’excursion à Villiers-le-Bâcle pour visiter la maison de Foujita et à Saint-Rémy-l’Honoré dans les Yvelines pour la découverte du jardin chinois Yili.
Nous avons été reçus par Madame Anne Le Diberder, Attachée de Conservation au Conseil Général de l’Essonne, passionnée et passionnante dans ses commentaires sur la dernière demeure de Léonard Foujita.
Cette maison achetée par l’artiste en 1960 fut léguée par sa veuve au Conseil Général de l’Essonne qui y a fait un remarquable travail de restauration. D’un aspect plutôt banal côté rue, elle surplombe la vallée et fut totalement modifiée par Foujita. Le peintre la restructura complètement, adoptant certains partis-pris japonais : telles les grandes baies ouvrant sur le jardin, l’absence de cloison entre la chambre et le salon, la présence de paravents.
Foujita s’amusait à détourner les codes, associait des objets kitsch à des objets raffinés, des carreaux de Delft à du mobilier en Formica, le style espagnol à du mobilier design, mariant le bleu à l’ocre, alliant carreaux et rayures, etc. C’était un amoureux du marché aux puces à Paris, mais aussi des brocantes dans ses voyages, où il chinait quantité d’objets qu’il customisait.
La visite de la maison a permis de pénétrer dans l’intimité de l’artiste et de réaliser comment celle-ci a été adaptée à ses goûts et ses exigences. Toutes les portes viennent d’Espagne et il en reste un stock dans l’atelier qui attend d’être utilisé.
A côté de cela, lui qui était si précis dans son travail de peintre, semble avoir bricolé sans soins particulier. Dans sa jeunesse il avait appris à coudre et adorait cela (la machine Singer trône toujours dans l’atelier) mais laissait les bâtis sur ses vestes ou ses pantalons. Ses toiles étaient mal agrafées sur des châssis de grande qualité.
Un exemple de bricolage, Foujita avait inséré au-dessus de la porte d’entrée un moulage en plâtre fait à partir d’un moule à pain d’épices.
L’atelier, encore habité par la présence de ce grand artiste est orné d’une peinture, couvrant une partie d’un mur et le dessus de la cheminée, qui est un peu comme une esquisse du décor de la chapelle Notre-Dame de la Paix à Reims. Une Vierge à l’Enfant et une Crucifixion illustrent parfaitement le travail de Foujita, imprégné de culture occidentale et admirant tous les grands maîtres de la Renaissance, mais travaillant la peinture à l’huile comme les maîtres japonais ou chinois utilisaient l’encre sur le papier. Si tous les visages féminins sont typiques de son idéal esthétique (très proche de celui des artistes mosellans de la fin du Moyen-âge), les visages masculins sont inspirés des maîtres du passé (Bosch, Titien, Dürer, Michel-Ange, Vinci) dont il a intégré les portraits dans sa composition.
Le grand tableau accroché sur le mur en face de la scène religieuse est en totale opposition car il représente les Trois Grâces, en fait trois prostituées, traitées dans le style d’Otto Dix.
Sa fameuse technique pour obtenir ses fonds blancs « couleur de craie » dont il avait gardé le secret nous fut expliquée par Anne Le Diberder : il passait un grand nombre de fines couches au blanc de plomb et terminait en mélangeant du talc au dernier glacis.
Au cimetière, près de la petite église repose Foujita.
Après un déjeuner apprécié, nous sommes repartis pour le jardin Yili.
Ce jardin traditionnel chinois, créé en 2004 (année de la Chine), est sous la responsabilité de Monsieur Kang, ingénieur horticole de l’Ecole Nationale Supérieure Horticole de Versailles. Il est jumelé avec le Lingering Garden de Suzhou.
Ce jardin de 6 000 m2 est conçu selon les principes du Yin et du Yang (féminin-lune et masculin-soleil) et du Feng et du Shui (vent et eau). Il comprend en fait trois espaces : le jardin du lettré, le jardin des pivoines et le jardin des bonsaïs.
Le jardin du lettré
Le jardin des pivoines
Le jardin des bonsaïs
Malgré un temps médiocre et un peu de pluie, cette journée fut enrichissante et les Amis sont rentrés à Paris fort contents.
Clichés Michel Colas